L’objectif du «zéro émission» a fait l’objet mercredi d’une âpre bataille au parlement européen. La droite s’opposait farouchement à la proposition
Le Parlement européen a approuvé mercredi, malgré une farouche opposition de la droite, la proposition de Bruxelles de réduire à zéro les émissions des automobiles neuves à partir de 2035, n’autorisant de facto que la vente de véhicules électriques.
Les eurodéputés, réunis en séance plénière à Strasbourg, ont validé le texte sur la régulation des émissions de CO2 des voitures et camionnettes, qui s’inscrit dans l’ambitieux plan climat de l’UE, par 339 pour (249 voix contre, 24 abstentions).
Ce vote serré détermine la position des eurodéputés avant leurs négociations avec les États membres pour finaliser un compromis. Les voitures représentent 12% des émissions de CO2 dans l’UE.
«Un cap clair»
L’objectif du «zéro émission» a fait l’objet d’une âpre bataille dans l’hémicycle, avec un amendement du PPE (droite pro-européenne et première force au Parlement) proposant de viser plutôt une réduction de 90% des émissions automobiles en 2035.
Cela aurait permis de poursuivre la vente de voitures hybrides. L’amendement a finalement été rejeté de justesse. A l’inverse, les Verts, qui voulaient avancer l’interdiction des moteurs thermiques à 2030, n’ont pas non plus convaincu.
La droite, qui appelait à prendre aussi en compte le carbone émis pour la production d’une voiture, a par ailleurs échoué à faire passer un amendement promouvant l’usage de «carburants synthétiques» potentiellement plus écologiques que les fossiles.
«Nous fixons un cap clair à l’industrie en soutenant la fin des moteurs thermiques en 2035, une victoire importante et cohérente avec l’objectif de neutralité carbone pour 2050», puisqu’une voiture roule en moyenne 15 ans, s’est félicité Pascal Canfin (Renew, libéraux), président de la commission Environnement au Parlement.
Avec 13 ans pour changer l’industrie la plus importante en matière d’emplois en Europe, «l’entrée dans l’électromobilité est une façon de protéger à la fois le climat et les emplois de ce secteur dans le temps», confirme l’eurodéputé allemand Michael Bloss (Verts).
«Une opportunité historique»
En outre, «la suppression progressive des moteurs à combustion est une opportunité historique de mettre fin à notre dépendance au pétrole», tandis que la production accrue de véhicules électriques contribuera à en abaisser le prix, se félicite Alex Keynes, de l’ONG Transport&Environment. La droite, qui a logiquement voté contre l’ensemble du texte, s’alarme cependant des conséquences industrielles.
«Imposer le «zéro émission» reviendrait à condamner tout un pan de l’activité industrielle et pénaliserait fortement les consommateurs», estime Agnès Evren (PPE). Elle fustige un texte qui «empêchera de commercialiser des véhicules hybrides performants ou des véhicules utilisant des biocarburants», dont la production pourrait s’avérer moins chère et moins émettrice de carbone que les véhicules électriques.